
Corvol l’Orgueilleux, gros bourg du canton de Varzy dans le département de la Nièvre, conserve quelques traces de son importance passée. C’était le siège d’une des châtellenies du Donziais, unie très tôt à celle de Billy voisine.
Le territoire de Corvol est très fertile, & produit quantité de froment : il y a des vignes, dont le vin est leger & délicat, & d’excellens pâturages.
Mémoires pour servir à l’histoire du nivernois et donziois / Née de la Rochelle. 1747


Le nom de la localité est attesté sous la forme Corvallis au Ve siècle; Corvacus au VIIe siècle; Corvillio en 696; Corvol en 1167 – 11818,9; Corvolium Superbum en 1239; Courvaul Lourguilleux et Courvol en 1289; Corvol Lorguilleux en 1335; Corvaul en 1453; Courvaul en 1508.
Corvallis est un composé toponymique qui s’explique par le latin curva « courbe » et vallis « val, vallée » (comprendre bas latin). On attendrait Corval, vocalisé en Corvau (cf. un val, des vaux), forme d’ailleurs attestée dès le XIIIe siècle Courvaul à laquelle a été ajouté fautivement un -l, d’après le latin vallis, d’où la forme actuelle Corvol. Le sens global de Corvol est celui de « vallée courbe ».
Le déterminant complémentaire l’Orgueilleux apparaît au XIIIe siècle (voir supra) et permet désormais de faire la différence avec Corvol-d’Embernard situé à près de 20 km. Le qualificatif l’Orgueilleux a pu désigner autrefois la vaillance et la force, voire plutôt la fierté de ses habitants. La transcription latine Superbum de 1239 renvoie d’ailleurs à superbus qui signifie « fier, insolent, superbe, magnifique », « fier de son origine » et sŭperbĭa « orgueil, arrogance, dédain, hauteur ».
L’historien Morellet écrit d’ailleurs, en 1838, que les fortifications de Corvol (abattues par la garde nationale en 1791) justifiaient la dénomination de l’Orgueilleux appliquée à ce bourg. (Source : Dr Létinois. Bulletin de la Société scientifique artistique de Clamecy. 1948. Gallica.bnf.fr / BnF).

Cette enceinte militaire n’empêche pas l’armée anglo-navaraise de s’installer une première fois à Corvol en 1359 lors de la Guerre de Cent ans. En 1427, un nommé Ferrier et le bâtard de Coux s’emparent à nouveau de la ville, mais Claude de Chastellux le reprend bientôt pour le Duc de Bourgogne.
D’après une tradition conservée à Corvol l’Orgueilleux, Saint Pèlerin, premier evêque d’Auxerre († vers 304), aurait evangelisé cette contrée. On prétend que le prieuré de Saint-Marc de Fontenay fut construit sur le lieu même ou le saint Apôtre avait prêché. (Source : Guérin, Paul (1830-1908). Les petits Bollandistes : vies des saints. Mgr Paul Guérin. 1876. Gallica.bnf.fr / BnF).
Cette terre faisait ensuite partie des vastes domaines que Saint Germain, évêque d’Auxerre, avait légués à son diocèse ou à l’oratoire de Saint-Maurice (d’Agaune), qui fut à l’origine de l’ abbaye de Saint Germain d’Auxerre. C’est sans doute pourquoi elle a eu plus tard un statut baronnial en Donziais, puis comtal en Nivernais. Il y avait là, avant même l’église recensée par Saint Trétice en 691, un monastère relevant sans doute de la grande abbaye.
L’église primitive dédié à Saint Maurice, qui éxistait en 691, était détruite pendant l’occupation anglo-navarraise de 1427, mais une paroisse de ce nom continue d’exister et Saint Maurice restera le patron des deux paroisses de Corvol, et sa fête en septembre reste la principale du pays.
L’ancien château comtal, appelé ‘la châtellenie’, modifié au fil du temps, a été en partie conservé, près de l’église et donc de l’ancien couvent : c’est un édifice composite qui paraît aujourd’hui relativement modeste.
Il n’y a pas trace dans les sources disponibles d’une « seigneurie particulière » à Corvol, ou d’une « vicomté » comme on en trouve à Druyes ou à Entrains, autres places comtales. Le château abritait sans doute un « capitaine » et peut-être une petite garnison, chargée de faire respecter les droits comtaux. Mais ces fonctions féodales se sont diluées et n’existaient plus à l’avènement du duché (XVIe siècle).

Corvol aurait donné son nom à la famille de Courvol, selon Villenaut, qui précise qu’ils n’en étaient pas les seigneurs, mais qu’ils y étaient simplement possessionnés. Cette question est peu documentée et reste discutée.

Le fief paraît être sorti assez tôt de la famille de Courvol, dans des circonstances qui restent obscures : des Courvol font hommage au XIIIe siècle, mais dès la fin du XIVe, d’autres familles se succèdent à Corvol.
Généalogie de la Famille de Courvol en Nivernais
Église Saint-Vincent

Il s’agit d’une ancienne priorale bénédictine. Une première implantation, dès le VIe siècle, est attestée autour d’un lieu de culte situé au lieudit « Les Dessous des Vignes », où a été mise à jour en 1980, puis fouillée peu après, une nécropole mérovingienne rattachée à une chapelle Saint-Maurice qui dépendait de l’évêque d’Auxerre.
L’église de Corvol est assez singulière. Le premier niveau de la nef est roman et date du milieu et du troisième quart du XIIe siècle environ, comme le démontre le style des chapiteaux à crochets qui ornent les piliers. Cependant, toute la partie supérieur a été reprise à la fin du XVe et au début du XVIe siècle en style gothique. Désormais, les colonnes engagées qui supportent les nervures de la voûte d’ogives s’élancent jusqu’à la clé, sans aucune moulure ni chapiteau pour atténuer l’effet ascensionnel. Le clocher a été reconstruit au XVIIIe siècle. Lire la suite.